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Vie du club

St-Michel-de-Maurienne (9 et 10) décembre 2017

Exposition Saint-Michel-de-Maurienne – Commémoration du centenaire de l'accident du 12 décembre 1917  9 et 10 décembre 2017
Ont participé : Jean, Marcel, Christian, Arnaud et Benoit.

 

Quand la gare de La Praz fut le témoin de la plus grande tragédie ferroviaire

 

Aquarelle de Xavier LETT pour la 1ère de couverture du livret de la commémoration

230 B SNCF ex PLM semblable à la "2592" (230 C)
(Kit monté par Guy Labbez)

En 1917, la gare de La Praz fut le témoin d’un événement tragique de l’histoire ferroviaire française. En effet, la nuit du 12 décembre, un train quitte la gare de Modane à 22h47 (altitude 1057 m ; km 236). Ce train composé de 2 fourgons et 17 voitures italiennes avec en tête la 230 PLM n°2592, transporte des militaires français en provenance de BASSANO pour une permission de Noël. Le mécanicien Girard témoigne* : 

- Le démarrage s’est effectué normalement, et lentement puisque le train était dans la rampe qui se trouve au départ de Modane avant le pont du Charmaix. 80 à 100 mètres avant le début de la forte pente qui précède le tunnel d’Epines Blanches, j’ai fermé le régulateur. J’ai commencé à "serrer" quand j’ai été sous le tunnel. 

Alors que le train aborde la 1ère déclivité, le mécanicien ne peut freiner les 536 tonnes attelées à sa machine. Le convoi prend de la vitesse et atteint les 49 km/h au niveau de la commune du Freney, soit environ 3km après Modane :

- En arrivant au palier du Freney, voyant que la vitesse augmentait, j’ai commencé à "siffler aux freins", mais la vitesse, si elle n’a pas augmenté en traversant ce palier, n’a pas diminué. En abordant la descente suivant ce palier, j’ai serré automatiquement sur les trois premières voitures, ma machine et son tender. 

Le train poursuit sa course désespérée. Il franchit à près de 100 km/h la gare de La Praz (altitude 956 m).

- Au disque avancé de la gare de La Praz, bien que ma machine soit freinée, j’ai "battu contre-vapeur" et ouvert les sablières dans le but de m’arrêter et de faire prendre les dispositions utiles afin d’augmenter le freinage, à mon avis insuffisant vu la vitesse que j’obtenais. Mais malgré tous mes efforts la vitesse a continué à augmenter. Il y a eu cependant un ralentissement sensible au palier suivant la gare de La Praz, puis la vitesse a recommencé à augmenter dès que j’ai attaqué la descente suivante, elle est ainsi devenue excessivement forte, je ne puis l’évaluer… 

La tragédie est alors inévitable.

- J’ai senti que ma machine penchait sur la gauche de façon inquiétante.

Dans sa descente infernale, au km 222 (altitude 741 m), abordant une courbe, l’avant du train déraille. La locomotive et le tender se séparent du convoi : 

- Je ne me suis pas rendu compte du moment où elle s’est séparée du train .

Les voitures se fracassent avant de s’embraser plus tard tandis que les premiers secours sont sur place. La locomotive, elle, poursuivra encore sa route sur un km pour stopper 200 m avant Saint-Michel-de-Maurienne :

- J’ai obtenu son arrêt un peu avant d’arriver à la communication 1-2 à la gare de Saint Michel, côté Modane… Je ne me suis pas aperçu du moment où elle a déraillé… Après son arrêt, j’en suis descendu constatant qu’elle était seule…

Terrible bilan : 435 morts !

La Maurienne n’a jamais oublié ce terrible accident. Et je dois le dire, lorsque j’ai connu mon épouse native de Saint-Jean-de Maurienne, il y a plus 30 ans, mon futur beau-père connaissant ma passion des trains m’a dit : « La Maurienne a connu des trains extraordinaires mais elle a connu aussi une tragédie ».

Il y a plus d’un an, la commune de Saint-Michel-de-Maurienne, associée à 6 autres communes de la vallée, a pris l’initiative de commémorer sur une durée de deux semaines cette tragédie en mémoire des victimes. Les organisateurs ayant entendu parler du CFFC et de la gare de La Praz m’invitèrent à présenter lors d’une réunion à la mairie, le club et le réseau « La Maurienne ».  C’est ainsi que j’ai proposé à Jean que nous participions aux journées du 9 et 10 décembre. Le club serait ainsi présent dans ce berceau ferroviaire présentant une gare disparue et témoin de cette tragique page d’histoire.

Les premiers visiteurs

Il est 8h30 ce matin du 9 décembre. La neige a étendu son tapis blanc du Col du Télégraphe aux rues de Saint-Michel. Mais pour Jean, Christian et Marcel, ce n’est qu’une broutille quand on vient de Pontarlier. Même si Jean a prévu un équipement à la hauteur des circonstances climatiques : chaussures fourrées et veste canadienne pour affronter la rigueur savoyarde. Un petit déjeuner fort copieux a de toute façon solidement préparé nos amis pour cette première journée.

Le réseau a été installé la veille. La salle qui nous accueille est immense et nos voisins sont peu communs aux précédentes expositions. Nous côtoyons des mannequins en uniformes, des appareils de transmission, quelques armes, des archives… Heureusement, nous sommes à l’écart du bivouac des poilus et du canon de 75 qui tonne dans le lointain. Les premiers visiteurs venus trouver un peu de chaleur sont assez inhabituels. Ils portent un casque Adrian sur la tête et des brodequins aux pieds. Ils font en fait partie de l’association : « Le poilu de la Marne » à laquelle sont associés les chasseurs alpins de « Tempête sur les Alpes » aisément identifiables à leur coiffe : la « tarte ». Les Italiens sont aussi représentés : la fanfare des Bersaglieri La Marmora Torino – 30 figurants italiens en tenues de l’armée italienne qui, jouant du clairon, défilent en courant (Quel souffle ! N’est-ce pas Jean-Philippe) – le « Gruppo Storico Militaria 1848-1918 » avec notamment son poste médical de campagne capable d’assurer les premiers soins si nécessaire. Les infirmières ont su d’ailleurs prodiguer les premiers secours dans les situations les plus délicates (notamment une main tranchée et perdue…) et certains ont profité d’une bonne convalescence pendant l’exposition. Heureusement, aucun autre incident grave ne fut à déplorer après que la main eut été retrouvée et recousue. Si vous en doutez, référez-vous aux photos.

La mise en route du réseau et la circulation des trains n’ont pas posé de grandes difficultés. Le matin même, Benoît avait affronté les routes enneigées pour assurer le démarrage. Marcel a ensuite pris la direction des opérations très rapidement. Le public a ainsi pu suivre l’évolution des trains avec émerveillement. Nous n’avons pas connu l’affluence de certaines expositions, sans doute compte-tenu de la météo peu clémente. Mais le public rencontré était de grande qualité. Beaucoup de visiteurs nous ont questionnés sur le choix de notre thème « Pourquoi la gare de La Praz, pourquoi la Maurienne ? ». Le niveau de réalisme, le souci du détail les ont aussi étonnés, enthousiasmés. Ils ont aussi été touchés que nous nous soyons intéressés à leur vallée, à leur histoire. Certains ont partagé leur vécu, leur connaissance, notamment lorsqu’ils étaient cheminots :

- « Il y avait des cheminots qui oubliaient de baisser le panto à l’entrée du tunnel des Epines. On voyait les traces sur la 

voute. »

- « Mon père m’a fait un traineau avec les bandes de frottement du pantographe arraché. » 

- « Inconscient du danger, nous faisions de l’équilibre sur le 3ème rail. »

- « Il y avait un cheminot à la gare de La Praz qui après avoir bu un coup de blanc, posait ses 2 pieds sur la traverse en bois et les deux mains sur le 3ème rail. Cela faisait des étincelles ! Il n’est pas resté bien longtemps. » (A chacun d’interpréter N.d.l.r).

La convivialité, la cordialité ont rythmé tout notre week-end. Il faisait froid dehors, mais si bon dedans. Nous n’avons manqué de rien, du petit déjeuner au dîner. La raclette du samedi soir chez Véronique et Fred s’est prolongée bien tard pour se terminer avec un verre de génépy. Tandis que le feu vrombissait dans le poêle pour le plaisir du chat et que la neige tombait dans la quiétude de la nuit. 

Arnaud

* : témoignage de l’article de Serge Pivot – Source : Brochure « L’accident ferroviaire de St-Michel-de-Maurienne » - Ed 2017.

Merci à toute l'équipe organisatrice mauriennaise pour son accueil, son aide logistique, et la "cantine" chaleureuse et copieuse.

Reportage photos : 

Marcel et Christian préparent les compositions de train

Marcel et Christian préparent la composition des trains.

 

 

 

Marcel, Benoit et Arnaud

Marcel et Benoit. Arnaud présente RéseauxScopie de LocoRevue "La Maurienne".

 Benoit veille sur le jeune public.

 

 

Assiociazione Nazionale Bersaglieri Marmora Torino   

 

Les premiers soins sont donnés au bléssé (mais qui est-ce ?).

Ouf ! Le malade se porte (apparemment) bien

Ouf ! Tout semble (apparemment) aller mieux. 

      

Des visiteurs insolites

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