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Vie du club

Gardons le lien : TRAIN WORLD (Be) 29/03/2021

CFFC - GARDONS LE LIEN

La crise sanitaire que nous traversons depuis maintenant un an a rompu le lien social dans de nombreuses activités. Et nous devons redoubler d'imagination et être attentif pour préserver ce lien social. Le modélisme ferroviaire est une alternative pour combler partiellement ce vide en nous plongeant dans nos travaux, notre créativité et en les partageant pour rester ensemble.

Notre club continue ses activités de façon plus confidentielle et dispersée. Ses membres font du train et c'est tant mieux. Le temps viendra où nous pourrons partager nos souvenirs et notre passion toujours présente. Certains ont bien voulu envoyer quelques photos, dire quelques mots de leurs travaux de confiné, sans prétention et avec liberté. Nous avons le plaisir de vous les présenter. 

Membres du CFFC, n'hésitez à me faire parvenir vos réalisations (réseaux, matériels, bâtiments, photos...), nous pourrons les publier sur cette page en attendant de nous retrouver le plus vite possible.

Arnaud

Musée du train à Bruxelles : TRAIN WORLD (29 mars 2021)

(Photo : Vivre à Bruxelles)

En cette année où le train belge fête les 175 ans de liaison ferroviaire Bruxelles et Londres, je vous propose une brève visite du musée du train: «Train World ». Ce musée est établi dans l’ancienne gare de Schaerbeek – une des 19 communes de Bruxelles. Il fut inauguré il n’y a pas si longtemps, en septembre 2015. Cela manquait à ce pays, à ce Royaume qui fut un des grands pionniers du train notamment en développant le concept du réseau ferré. Alors si vous passez par ici, n’hésitez pas à y faire une halte, et je vous le promets, nous irons trinquer à la santé du monde des trains.

La gare

C’est un bâtiment imposant à l’architecture typique « Néo-Renaissance Flamande » rehaussé de sa tour d’horloge carrée. Sa construction (1887) est destinée à remplacer la simple halte dont le baraquement en bois abritait autant faire se peut les voyageurs de la pluie et du vent à la croisée des lignes Louvain-Anvers. Au début du 20ème siècle, le transport de voyageurs et le fret se développent, 16 voies seront d’ailleurs créées pour accueillir les trains de voyageurs. La gare connut ensuite une page sombre de son histoire durant la 2ème gare mondiale, elle fut en effet utilisée par l’occupant allemand comme point de départ des déportations et des ouvriers belges réquisitionnés pour travailler en Allemagne. Elle subira aussi des bombardements intenses, on dit que 814 bombes sont tombées au total sur ses installations. En 1980 le déclin de la gare s’amorce en particulier avec la baisse du fret, la SNCB développant le transport combiné rail route, non propice à ce haut lieu du trafic marchandises. Un projet d’un terminal TGV-Nord est cependant dans les cartons, projet qui aurait sans doute pu conduire à la démolition du bâtiment. Une maquette du terminal est d’ailleurs présentée dans le hall d’entrée. L’ouverture de « Train World » en 2015 a sans doute sauvé la gare de Shaerbeek. Le musée abrite aujourd’hui 1250 objets du monde ferroviaire et de l’histoire du chemin fer belge sur 10 000 m2 avec la construction d’un bâtiment supplémentaire pour accueillir l’ensemble de cette collection.

Ce que l’on y découvre...

Lors de ma visite, une exposition temporaire (1) se tenait sur le thème de Tintin. Le train est souvent représenté dans l’univers du célèbre reporter belge. Le wagon citerne sur lequel Tintin pris place dans « L’Ile Noire » était présenté sur la place. Une petite anecdote, ce wagon remplit de whisky était labellisé à l’origine Johnnie Walker. La rencontre avec le Capitaine Haddock conduira Hergé à remplacer cette célèbre marque par Loch Lomond (lors des éditions suivantes), très apprécié du Capitaine. Il ne faut donc pas s’en étonner, nous ne sommes pas sûr cependant que Milou ait bien vu la différence.

  

Dès votre entrée, le musée vous plonge dans l’univers ferroviaire Belge. Vous franchirez le grand hall avec de magnifiques guichets aménagés et des maquettes de trains. Dans la cour, j’ai pu admirer une imposante grue 35 T parfaitement restaurée avec son wagon plat à 3 essieux.

  

Bien évidemment je me suis attardé sur « La Douce » dans sa belle livrée verte, joliment carénée et ses roues motrices de 2,10 m. Cette locomotive a inspiré un grand et célèbre auteur de bande dessinée : François Schuiten (2) : La Douce – Casterman – 2012. « La Douce » ainsi nommée est une locomotive de Type 12 (2B1 Atlantic) sous le numéro 12.004. Elle a été conçue par l’ingénieur Raoul Notesse à partir d’une 222 de la Canadian Pacific Railways. François Huet en dessinera la ligne. La société belge Cockerill de Seraing construira 6 exemplaires. Quatre ont été mises en service en 1939 sous les numéros d’origine : 1201 – 1202 – 1203 – 1204. En tête de 4 voitures métalliques, la 12.002 obtiendra le Ruban Bleu des trains de voyageurs le 12 juin 1939 après avoir rallié Bruxelles à Bruges en 46 mn avec une vitesse moyenne de plus  de 120Km/h et une pointe à 165 km/h, un record ! Elles n’ont circulé que sur le réseau belge. Elles tractaient des trains courts entre Bruxelles et Ostende pour aller à la mer en villégiature. Elles furent définitivement radiées en septembre 1962. La 12.004 (et son tender n°24.604) eut plus de chance que ses sœurs en étant restaurée et préservée au musée du train. Cette belle et envoutante machine a été reproduite à l’échelle Ho par Olaerts à Diepenbeek  (Magasin de trains miniatures qui développe ses propres productions).

Lors de votre visite, vous croiserez une honorable vieille dame : la locomotive la plus ancienne du continent européen (1844) actuellement préservée appelée « La Pays de Waes »(3). Une machine belge (construite par Gustave De Ridder). Cette locomotive tender à voie étroite faisait partie d’une série de 9 machines. Dès sa mise en service par la « Cie du Chemin de Fer d’Anvers à Gand » (via St Nicolas et Loekeren), elle établit un record de vitesse à 60km/h ! Elle fut retirée de la circulation après avoir tracté des trains de voyageurs jusqu’en 1890. Elle n’était plus adaptée au nouvel écartement des voies : 1435 mm. L’Etat Belge reprit la ligne qui était sous concession privée en 1896. Cela ne l’empêcha pas de poursuivre une belle carrière en étant présentée à l’Exposition Universelle de Gand (1913). Puis elle traversa la Manche pour Darlington à l’occasion du centenaire du chemin de fer britannique (1925). Enfin, elle resta en gare de Bruxelles-Nord (ancien musée du chemin de fer) avant de rejoindre Train World où vous pourrez l’admirer à côté d’une autre superbe machine : la Type 18 (18051), construite par John F. McIntosh (qui avait conçu des locomotives similaires pour le Caledonian Railway écossais), une des premières machines dotée d’un abri pour le chauffeur et le mécanicien (photo). Elle a été mise en service en 1905, sa vitesse pouvait alors atteindre les 120 km/h. Elle sera retirée du service en 1948 pour être utilisée comme générateur de chauffage.

Avec leur belle livrée, leurs cuivres rutilants, et mises en valeur par une belle lumière, elles ne peuvent que séduire le visiteur, qu’il soit néophyte ou passionné.

  

Dans votre périple, vous découvrirez bien d’autres matériels comme les deux voitures royales de 1901 et de 1930, la locomotive électrique 1503 avec son look particulier au côté de la massive locomotive diesel 210006, la draisine avec sa drôle de bouille, l'automotrice électrique (dont vous pouvez faire la visite virtuelle, attardez-vous sur le poste de conduite). Au passage vous pourrez vous attarder à la maison du garde-barrières ou conduire un train à grande vitesse. Car le musée a aussi le regard tourné vers le futur. 

Mais ce qui m’a peut être le plus marqué est la salle des horloges. Une multitude d’objets sont exposés, vous ne savez pas trop bien d’ailleurs où poser les yeux tant votre regard est attiré par la diversité de cette véritable caverne d’ali baba. Il y a même une plaque de halte à Moulinsart. Dans une ambiance de pénombre, il règne une certaine sérénité qui vous plonge dans le passé. Dire que ces nombreuses horloges et pendules, aujourd’hui figées dans le temps, témoins de l’histoire ferroviaire, avec leur tic-tac ont rythmé la vie du rail, accompagné les voyageurs parfois en retard pour attraper leur train dans le bruit des machines, le brouhaha des voyageurs, les odeurs de charbon, de graisses, les brouillards de vapeur juste à temps pour entendre le sifflet du chef de gare.

Ainsi se termine notre brève visite et je ne vais pas tout dévoiler. Si, juste une chose, la Belgique est aussi un Royaume… un Royaume du train.

Arnaud

Pour en savoir plus : Site du musée et visite guidée en cliquant sur les images

  

 Si vous êtes passionné par les trains belges ou si vous avez tout simplement envie d'en savoir plus, vous pouvez consulter les sites suivants :

https://nmbs.adlibhosting.com/results (le site du matériel roulant de la SNCB et de Train World)

http://www.antiqbrocdelatour.com/les-anciens-trains-de-legende/locomotive-legendaire-Type-12-SNCB-1939.php

(1) Le musée propose aussi des expositions en lien avec le monde ferroviaire, il y a eu Tintin (lorsque j’y suis allé), le train Légo, le peintre Paul Delvaux et en ce moment c’est « Bob et Bobette ».

 (2) « La Douce » est le nom donné par François Schuiten. Il est un des artisans du musée et amoureux de la Type 12. Bien connu dans le monde de la bande-dessinée, il a aussi dessiné d'innombrables affiches, illustrations, sérigraphies et lithographies. Il a aussi réalisé une dizaine de timbres-poste pour La Poste belge. Il a également illustré un coffret long box de Gérard Manset. Il est l'auteur de la lithographie réalisée sur commande des Chœurs de l'Union européenne, une allégorie sur les thèmes de la musique et de l'Europe (Source : Wikipedia).

(3) la première locomotive construite en Belgique appelée « Le Belge » sera mise en service en 1835 sur la ligne Bruxelles – Allée Verte – Malines. Une reproduction est présentée au musée.

 

Reportage et texte d'Arnaud. Photos : Arnaud et Vivre à Bruxelles (Merci à Florence) 29 mars 2021

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